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REPORTAGE

Domaine des Amiel, une histoire générationnelle

Rares sont les entreprises qui ont une belle histoire, sonnant un peu comme un conte quand on la narre. C’est le cas de Jordan et Aymeric Amiel, deux frères issus d’une longue lignée de Montblanais. Tout comme leurs terres, la famille Amiel est présente à Montblanc depuis 1490, archives à l’appui ! Deux frères aux parcours différents qui n’étaient pas partis pour reprendre le vignoble familial, et pourtant !

Retour aux sources

Jordan retrace son parcours, non des plus formels, en Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC) durant lequel il comprit une chose importante : « Pour soigner les autres, il faut d’abord se soigner soi, ce qui commence par manger qualitativement», explique-t-il. La diététique, qui fait partie des quatre disciplines de la MTC, guida Jordan vers la biodynamie, un mode d’agriculture rythmé par la nature. De son côté, Aymeric décroche un master en commerce international des vins et spiritueux. Il s’intéresse aux différents modes de vinification à travers le monde, « J’étais sûr de ne pas rester ici, à Montblanc» avoue-t-il. Il part ainsi pour le Chili, l’Argentine, mais aussi la Californie et l’Afrique du Sud. Des expériences qui lui font prendre conscience d’un trésor familial : leurs vignes. Présentent au sein de leur famille depuis plus de six siècles, l’appel de la terre a été plus fort que tout. Dès son retour d’Afrique, Aymeric propose à Jordan de reprendre le domaine familial et d’apprendre la biodynamie « sur le tas », au sein de leur propre vignoble. Deux formations a priori aux antipodes que la terre a fait fusionner.

La décision est prise, en 2012 Aymeric et Jordan décident de revenir chez eux, au domaine Amiel où leur père travaille encore. Insufflant un air nouveau, les deux frères accompagnent leurs dix hectares de vigne, déjà en agriculture biologique, vers la biodynamie. Jordan ne manque pas d’insister : « Tout le monde devrait être Steiner chez soi ». - Rudolf Steiner, 1861-1925, philosophe occultiste qui a posé les bases de l’agriculture biodynamique - . Petit à petit, les frères recréent une biodiversité autour de leur vignoble. «On arrête de détruire, et on reconstruit »,

explique Aymeric. C’est ici que la MTC entre en jeu. Il n’est plus question de trouver des solutions aux problèmes viticoles, mais de prévenir. Anticiper les maux pour apporter une prévention naturelle. Pas de désherbage intensif, ni d’extermination d’insectes, mais plutôt plantation d’arbres, d’arbustes, de fleurs, construction de murets en pierre. Cela dans le but d’abriter une faune qui se chargera d’éliminer les nuisibles de la vigne. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la biodynamie ne rime pas avec anti-technologie. Ils expliquent par exemple l’utilisation : « En diffusant des phéromones de synthèse dans les parcelles, l’activité sexuelle des papillons est perturbée, diminuant ainsi leur prolifération». Un travail en osmose avec la nature, épaulé par le CEN (Conservatoire d’Espaces Naturels du Languedoc- Roussillon).

La nature en bouteille

Jusqu’à présent, le domaine ne faisait qu’apporter le raisin à la cave coopérative de Montblanc. Mais en 2013 Jordan et Aymeric changent la donne et vinifient pour la première fois leur récolte. Ils produisent aujourd’hui entre 35 000 et 55 000 bouteilles chaque année, pas de vrac ni de raisins amenés à la coopérative. Des vins 100 % naturels, sans additifs, composés uniquement de raisins et provenant de vendanges manuelles. « Cela nécessite une qualité de raisins, car nous travaillons sans maquillages », précise Aymeric. Les baies sont donc savamment sélectionnées, seuls les raisins en parfait état sont ramassés afin de ne pas altérer la vinification. Mais lorsque résonnent les termes « vinification sans sulfitage » et « sans levures exogènes » une question se pose : « Comment faites-vous quand une vinification ne fonctionne pas ? ». Une situation qui s’est déjà produite : « Nous nous autorisons l’emploi de sulfites, au cas par cas et à très petites doses. Il y a une vraie réflexion par rapport à la chimie du vin. S’il s’avère qu’il y a un véritable défaut, nous portons le vin à la distillerie d’Autignac qui distille notre propre eau-de-vie de vin ».

La Gabinèla

Chez les Amiel le rapport à la terre va plus loin que ça. Jordan et Aymeric ouvrent

leur restaurant en août 2016, La Gabinèla dit le « cabanon » en occitan, lieu mythique de leur enfance. Ils mettent l’accent sur les producteurs bio et locaux, que cela soit pour le fromage, les œufs, les légumes, les fruits ou encore la viande. « Tout ce que nous ne pouvons pas acheter chez nos producteurs, comme le sel ou les épices, nous l’achetons en épicerie bio. Pas de compromis possible là- dessus ! » , insiste Jordan. Lieu familial et de partage les tapas sont donc à l’honneur : frites de patate douce, omelette aux poireaux, mais aussi grillades dans l’authentique cheminée, blanquette, mousse au chocolat, ou encore crumble aux fraises. « On essaie de faire pour tous les goûts et les régimes alimentaires ». Le restaurant est ouvert chaque soir de pleine lune, petit clin d’œil à la biodynamie, et tous les week- ends de l’été sur réservation. « Notre démarche est de montrer aux gens que travailler en bio est possible ! »

Charlotte Cordano

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